Un village autrefois rythmé par la vie pénitentiaire
Le village de Prony situé à la l’extrémité sud de la Nouvelle Calédonie est célèbre pour les vestiges de son bagne ainsi que pour sa baie du même nom. C’est un lieu chargé d’histoire qui fut le théâtre de la construction du pays.
En 1854 le commandant Le Brun découvre cette baie, à qui il donnera le nom de son bateau : Prony.
La Nouvelle Calédonie en plein développement à ce moment-là, a de nombreux besoins en matières premières notamment en termes de bois pour Nouméa. C’est dans cette optique que le capitaine Sebert, ayant découvert les nombreuses ressources en bois de la baie de de Prony, y établit le premier camp en vue d’une exploitation forestière en 1867.
L’administration pénitentiaire prend ensuite le relais de l’exploitation et commence à y déporter des détenus. Ils deviennent la principale main-d’œuvre de la région pour le bois mais aussi la construction de routes et d’infrastructures. Au total, 75 convois de bagnards font le trajet entre la métropole et le caillou, amenant plus de 22 000 personnes (hommes et femmes) pour peupler la colonie. On identifie 3 catégories de bagnards :
- Les transportés qui sont condamnés à des peines de travaux forcés (ils sont les plus nombreux)
- Les déportés qui sont des condamnés politiques
- Les relégués qui sont des récidivistes
De bagne à vestiges
Peu à peu ces déportations sont contestées et en 1897 les trajets de forçats sont interrompus. Prony tombe en ruine.
En 1953 la société Socamifer rachète le village pour y loger ses employés jusqu’en 1968 date de cessation de l’activité minière. Les lieux sont à nouveau abandonnés.
Aujourd’hui malgré la constitution d’une association ayant pour but la préservation de ce patrimoine, les vestiges du bagne de Prony sont envahis par une végétation dense. Les banians ont élu domicile entre les murs en ruine.
Longtemps considérée comme tabou, cette période du bagne symbole d’une colonisation forcée a été remise en avant lors des accords de Matignon en 1988. C’est un pan de l’histoire calédonienne que vous pourrez découvrir à travers un circuit pédestre nommé « sur les traces de la pénitentiaire ».
Poussez également jusqu’à la baie de Prony, poste d’observation idéal des baleines à bosse qui se rendent dans la baie de juillet à septembre pour y mettre bas.